Si vous étiez agruminvélopapyrophiliste ?

Non, vous n’iriez pas consulter un psy.

Tout simplement vous collectionnerez les papiers d’emballage d’agrumes, clémentines, oranges, mandarines… Vous feriez le tour du monde, du Maroc jusqu’en Chine, attablé dans votre cuisine, certainement le fer à repasser à la main pressant ces doux papiers aux motifs publicitaires vitaminés pour les lisser.  Avec ses 15 cm2 de papier de soie, il est le support de pub le plus minimaliste et le plus classe. Il communique marques ou événements vus et lus par des milliers de personnes. L’emballage rend toute sa noblesse au fruit, il devient ainsi précieux, n’est-il pas la pomme d’or du Jardin des Hespérides, sucré pour les consommateurs et juteux pour les annonceurs !

Ces papiers peuvent être détournés sous multiples formes. L’année dernière à la Cité internationale de la Dentelle et de la Mode à Calais, j’ai découvert une explosion de couleurs et de formes graphiques faite d’assemblage de ces papiers diaphanes créant une ligne de vêtements pour bébé irréelle, improbable en prêt-à-porter mais magique en prêt-à-rêver. C’était lors de l’exposition « Sport et mode enfantine : jeux de vestiaires ».

Une expérimentation qui attire le regard et le transforme. La peau épaisse de l’agrume est protégée par ce papier sensible et léger puis sous le geste précis de l’artiste ce même papier devient vêtement intemporel habillant la peau douce d’enfants imaginaires.  Stéphane Marcault a concentré sa créativité singulière en utilisant un matériau populaire pour lui donner une deuxième vie. Création née du fruit d’une imagination acidulée.

P.S. : Dali et Picasso étaient aussi des aficionados de ces papiers !