Le caviardage consiste en la suppression de mots, de phrases dans un article de presse, un texte ou un poème en les biffant à l’encre noire. Il est utilisé pour la censure, pour résumer un texte en ne gardant que les mots essentiels ou pour un jeu littéraire.
J’ai donc essayé le jeu littéraire inventé par les Oulipens (Ouvroir de Littérature Potentielle). A partir d’un poème de Baudelaire : Spleen LXXVIII, je me suis risquée à créer un nouveau texte surréaliste surprenant en supprimant quelques mots choisis.
Spleen de Baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Mon caviardage
Le ciel lourd comme un couvercle gémissant, embrassant le cercle, verse un noir plus triste ; La terre est humide, l’espérance comme son aile se cognant à des plafonds ; Etalant traînées, barreaux et infâmes araignées, filets de nos cerveaux ; Tout à coup avec le ciel, hurlement des esprits sans geindre ; Sans tambours, mon âme pleure l’atroce crâne incliné, noir.